Collectif Asherah : Génèse et engagements.

Collectif Asherah : Génèse et engagements.
Comment en sommes-nous arrivées là ?

                Asherah, c’est d’abord une histoire de réconciliation au féminisme.

                Nous sommes en Juin 2025. Sur les réseaux sociaux, quelques femmes peinent à se reconnaître dans le discours féministe postmoderne ; celui qui, comme l’autrice Vanina le souligne dans son excellent ouvrage Les leurres postmodernes contre la réalité sociale des femmes, prône désormais un individualisme dans les luttes au nom d’une intersectionnalité, mettant en avant les différences culturelles et les combats spécifiques de certaines femmes et minorités. Ceux-ci allant au détriment de notions pourtant essentielles au bon fonctionnement d’un féminisme qui s’axait, auparavant, sur la seule notion qui nous réunissait toutes : le sexe féminin, et son exploitation par une société dont la notion patriarcale, si elle a évolué, est toujours omniprésente. De manière générale, ces jeunes militantes éprouvent un sentiment de perdition, elles qui en étaient restées aux luttes de femmes d’envergure, à l’instar d’Andrea Dworkin face à la pornographie, ou à Madeleine Pelletier et sa volonté farouche de faire grandir le droit des femmes à exister en tant que classe sexuée.

                Face à ce nouveau féminisme qui centrait ses luttes sur les différences et non sur la seule notion qui nous réunissait toutes, bien des femmes ont peiné à faire entendre des voix dissidentes. Nous étions alors piégées entre deux politiques au discours polarisé ; les militantes se voyaient offrir trois choix cornéliens qui ne leur convenaient pas.

  • S’accrocher à la gauche en dépit des changements fondamentaux de ses discours et adhérer ainsi au langage postmoderne, s’engager vers la liberté de choix et ce faisant, accepter l’inacceptable.
  • Se rallier à la droite dure, qui a profité des dérives ci-dessus pour attirer les femmes en perdition. Bien des personnalités abandonnées par la gauche ont choisi cette option, et dès lors, n’ont plus été capables d’accepter un féminisme de classe et ont axé leurs luttes sur les habituels discours populistes.
  • Rester seules et indépendantes : une solution non viable sur le long terme, pour des raisons évidentes.

Traitées de féminazies d’un côté, de fachos et de TERF de l’autre, ces femmes ont trouvé, grâce aux réseaux sociaux, des ébauches de réponses. Ce sentiment de solitude et de remise en question permanente du bien-fondé des luttes s’est finalement dissipé lorsqu’en nous connectant les unes aux autres, nous avons pu constater un fait indiscutable et écrasant de soulagement : nous n’étions pas seules.

Alors, que faire ?

 

Se réunir est alors devenu une priorité. Les frontières géographiques séparant les femmes volontaires disparaissant grâce à la connectivité et au partage d’informations, nous avons pu créer un petit groupe de femmes partageant la même ligne féministe ; une ligne plus dure que celle que partage habituellement les médias. Une ligne radicale mettant en avant la femme comme classe sexuée opprimée. Être du même sexe est parfois la seule chose qui nous rassemble ; et le seul relai solide qui nous permet de nous battre ensemble face à des attaques aux formes diverses d’un régime mondial reléguant, encore et toujours, nos existences à la merci de clichés sexistes, de mutilations, de violences, voire de gynécides à l’échelle d’un pays entier à l’instar de l’Afghanistan. Face aux conflits menaçant les femmes dans une société occidentale polarisée entre deux axes, entre masculinisme et adoration du genre, nous avons choisi de ne pas choisir. Nous avons choisi de nous faire entendre.

                Le collectif Asherah n’a donc pas la prétention de réinventer le féminisme. D’abord, parce que bon nombre d’entre nous n’ont jamais milité, ni dans une organisation, ni au sein d’un parti politique ou d’un syndicat ; ce sont nos convictions qui nous relient les unes aux autres via un lien de sororité solide, un terme que les conflits internes ont dépossédé de son sens fondamental. Liées les unes aux autres, aussi bien par la souffrance de notre classe que par son espoir et sa combattivité, nous avions besoin d’un espace de paroles pour échanger, débattre, ordonner nos idées, poser sur une plate-forme numérique accessible à tous, les convictions qui nous animent et les luttes que nous menons. Sous la bannière du collectif, nous avons également l’opportunité de devenir signataires de tribunes et de partager les voix de nos sœurs, en France ou à l’international.

                Nos expériences, notre passé, nos cultures, nos vies et nos constats ont permis des échanges passionnants et nous sommes donc arrivées à une première conclusion : chaque femme doit pouvoir bénéficier d’un espace de réflexion et d’expression. Auparavant solitaires et diluées dans la masse de discours insensés, nous sommes désormais unies, à travers notre manifeste, et grâce à la plate-forme d’expression que nous avons décidé de partager.

Actualité féministe, sororité et expression au cœur de nos luttes.

 

                Sans prétention, nous voulons devenir un relai pour les femmes qui n’ont pas bénéficié de l’aide qu’elles méritaient dans les moments où elles en avaient le plus besoin. Aujourd’hui, l’actualité médiatique et politique sélectionne soigneusement ses sujets en détournant la seule ligne que nous avons décidé de suivre : la défense et la protection des femmes. Il n’a pas été difficile de faire ce constat d’après l’actualité récente. En voici trois exemples :

Ibtissame Betty Lachgar, militante émérite vivant à Rabat, a été arrêtée le 10 Août 2025 et condamnée à trente mois de prison au Maroc. Son crime ? Avoir posté sur le réseau social X/Twitter une photo d’elle portant un T-shirt jugé blasphématoire. Les membres du collectif, ainsi que d’autres mouvements féministes, ont été choquées face au silence honteux des grandes organisations vouant soi-disant leurs luttes au droit à l’expression. Cette liberté fondamentale bafouée n’a pas été un sujet, à gauche, mis à part quelques prises de paroles timides. Pourtant, historiquement, l’anticléricalisme fait partie intégrante du cœur des luttes de classe. Taxée d’islamophobe et de transphobe en dépit de son courage indiscutable et de la justesse de ses luttes, Betty n’a pas reçu et ne reçoit toujours pas aujourd’hui le soutien qu’elle mériterait d’avoir, afin de la faire sortir au plus vite. A ce titre, Asherah communiquera avec intensité et se mobilisera pour la soutenir.

Alexa Faucher, directrice de cabinet d’une mairie de gauche (PCF) a également perdu son emploi suite à la dénonciation d’une prétendue transphobie venant d’un militant – qui par ailleurs, n’a pas manqué de s’en vanter -. Il n’a suffi, encore une fois, que d’un tweet rappelant l’évidence de la réalité sexuée de la femme en contradiction avec l’idéologie du genre. Ce licenciement, que nous jugeons abusif quoiqu’effectué en toute légalité, a été passé sous silence hors médias réactionnaires, adeptes d’amalgames en tous genres et usant du transactivisme pour faire la critique des mouvements lesbiens, gays et bis. Bien trop peu de mains ont été tendues vers elle. Bien trop d’insultes sexistes sont passées sous les radars, et bien trop de menaces avec elles visant les femmes, et uniquement.

• Claire Géronimi, fondatrice d’Eclats de Femme – une association venant en aide aux victimes d’agressions sexuelles – est à elle seule et malgré elle, l’exemple de la polarisation des idées en France concernant le féminisme. Le 11 Novembre 2023, alors qu’elle passait l’entrée du hall de son immeuble, la jeune femme a subi un viol de plus de trente minutes. Traumatisée par cette abominable expérience mais désireuse de la médiatiser pour sensibiliser le public face à la violence masculine, son cas a déchaîné les passions jusqu’à ce que, finalement, une conclusion morose soit être tirée de son histoire. Abandonnée par les mouvements féministes de gauche – le violeur étant un homme sous OQTF – et utilisée à des fins militantes par l’extrême-droite – son procès, ouvert le 25 Septembre 2025 ayant été en grande partie couvert par le collectif Némésis – elle a créé sa propre association. Le silence des féministes face à un viol d’une telle ampleur est à lui seul la preuve que la protection des femmes n’est plus une priorité auprès des libertaires. Nous nous opposons fermement aussi bien au silence médiatique de la gauche qu’à l’instrumentalisation de cette affaire à des fins racistes et populistes, et saluons le courage de Claire et Mathilde, seconde victime du même homme, pour avoir tenu bon malgré tout.  

               Ces trois cas sont loin d’être isolés. L’actualité achemine quotidiennement des récits de féminicides et d’agressions en tous genres, sous couvert de « faits divers ». Le masculinisme trouve chaque jour de nouveaux adorateurs par le biais de figures d’hommes assumant leur déconsidération totale de la femme, et l’idée de leur être supérieurs. La politique use et abuse des luttes pour étoffer les cahiers des charges des différents partis, exacerbée par l’imminence des élections présidentielles en 2027. Dans le « meilleur » des cas, les faits ne font que quelques lignes dans l’actualité. Dans le pire, ils servent d’instrument à des fins électorales et conduisent trop souvent au harcèlement des victimes... si tant est que celles-ci aient la chance d’être encore en vie. Notre volonté ne tient qu’en quelques mots : rendre visible la violence patriarcale sans aucune autre considération que le sexe de sa victime. Si nous sommes conscientes de n’être qu’une goutte d’eau dans l’océan, nous tenons tout de même à offrir notre soutien et à faire éclater nos colères légitimes.

Nos engagements

 

                Les engagements militants du collectif Asherah sont ainsi divisés en quatre axes distincts, visibles depuis notre site internet ainsi que nos profils sur les réseaux sociaux.

  • Mobilisation pour les femmes : pour toutes les femmes. Il apparaît qu’aujourd’hui, les divergences culturelles et politiques nous ont fait oublier que chacune d’entre nous peut vivre un traumatisme perpétré par des hommes. Chaque femme parce qu’elle est née femme, prend un risque. Nous nous engageons à dénoncer ces violences, en rappelant que le dénominateur commun est, et sera toujours, masculin.

  • Ce site a également pour but de rédiger des articles à visée scientifique, afin d’appuyer et de justifier nos positions, notamment sur l’un des sujets les plus clivants : l’existence même du genre, que nous ne pouvons voir qu’à travers un prisme essentialiste. Ces articles, étoffés et sourcés, seront en libre accès et utilisables par toutes.

  • Nous ouvrons également à nos militantes la possibilité de créer un blog en leur nom. Chacune d’entre nous a sa propre histoire, ses propres ressentis, ses passions et ses problématiques liées à son sexe, ses sujets de prédilection. Milieu artistique ou politique, discrimination raciale et sexiste, troubles et traumatismes pourront donc être librement exprimés sur notre plate-forme. Nous ouvrons ainsi un nouvel espace de communication et d’échange, par les femmes et pour les femmes. Ce féminisme pluriel enrichit nos perceptions et permet de mieux comprendre quels enjeux nous rassemblent.

Enfin, mues par l’espoir – ou la naïveté, selon les points de vue – de voir les droits des femmes évoluer de façon positive, nous restons ouvertes à toute personne désireuse de proposer un débat d’idées à condition qu’il soit respectueux. Nous estimons que dialogue et écoute doivent rester des mots d’ordres indissociables des luttes féministes ; nous offrons donc la possibilité à d’éventuels détractrices ou détracteurs de nous écrire, avec force de propositions pour une discussion constructive exposant les points de vue divergents sans porter atteinte à la dignité des interlocuteurs.

                A toutes celles et tous ceux qui souhaitent entendre nos voix et se tenir informés de l’avancement de nos luttes, nous leur souhaitons la bienvenue sur collectif-asherah.fr. Il est possible de nous contacter via l’adresse mail suivante : contact@collectif-asherah.fr.

Ainsi que sur les différents réseaux sociaux, dont les logos sont affichés en haut de chaque page.

                En vous remerciant par avance pour votre présence, et bien sûr, avec sororité.

                Le Collectif Asherah.